André Mathon – 1928
« L’existence de souterrains dans le sous-sol de Quevauvillers excitait la curiosité des jeunes de ma génération. Les vieilles personnes faisaient à leur sujet toutes sortes de récits plus ou moins teintés de légendes, mais personne ne songeait alors à confronter, à recouper les propos tenus. Je me rappelle avec une certaine précision quelques découvertes qui m’ont impressionné à l’époque. Je les livre telles qu’elles me reviennent à la mémoire. »
« C’était en 1928, j’habitais alors rue du bois. Un dimanche matin, un ami, Raymond Lecointe vint me voir pour me dire qu’il avait trouvé chez lui quelque chose ayant trait aux souterrains. Je le suivis et ensemble nous descendîmes dans un cellier dépendant de la maison Lépinette (actuellement maison Guy Harmand) située place du Jeu de Tamis.
Dans ce cellier, contre la rue du bois, un petit citerneau dans lequel il versait des eaux usées. Nous nous mimes à débourrer ce que je croyais être une perte. A un moment donné, dans la paroi du citerneau, nous découvrîmes une excavation dont l’entrée voutée en pierres de taille pouvait mesurer de 0,80 m à 1 m de hauteur. Nous dégageâmes cette entrée qui donnait accès à un couloir s’enfonçant en pente raide dans la profondeur du sous sol. La hauteur de ce couloir augmentait progressivement et à 5 m de l’ouverture, elle atteignait la taille d’un homme. Sur les genoux, puis debout, nous suivîmes le couloir. Il n’était pas rectiligne, mais tournait à gauche, puis à droite en dessinant à chaque fois un angle droit, pour déboucher à 15 m de l’entrée sur une galerie large de 1,50 m, haute de 2 m, à une profondeur de 11 à 13 m. Cette galerie est située dans l’axe général château-bois, (nord-ouest, sud-est).
Vers le château, après avoir parcouru une distance de 5 m environ, nous nous heurtâmes à un éboulis qui bouche complètement la galerie. Vers le bois, a une dizaine de mètres de la descente du couloir, nous rencontrâmes une obstruction certainement plus importante parce que provoquée par l’effondrement des matériaux qui masquaient un puits d’extraction. Nous remarquâmes sur les parois de cette galerie dont la voute était taillée en ogive, quelques inscriptions gravées par des soldats français pendant la guerre de 1914-1918.
Et naturellement, avant de regagner la surface, nous y rajoutâmes nos propres noms. »
Là s’arrête le premier propos de M. André Mathon, celui qui a trait à son expédition souterraine de 1928.