au moment de la tourmente révolutionnaire (3)
Suivant l’usage des temps, le vicariat de Quevauvillers une fois établi canoniquement, devait être rétribué en partie par le seigneur du pays et en partie par les gros décimateurs. Ceux-ci s’exécutèrent à regret et après avoir reçu plusieurs assignations du sieur J.-B. Boulle, huissier audiencier en la chancellerie établie par le Présidial d’Amiens. D’après les anciens registres, les frais de poursuite pour cette affaire s’élevèrent à la somme de 313 liv. 8 den. et 3 sols.
Depuis 1801 jusqu’à 1859, les ressources faisant défaut, le vicariat devint vacant. A cette époque la commune et la fabrique de la paroisse, sur l’invitation pressante de l’Evêque et du Préfet, ayant émis un avis favorable, le vicariat fut de nouveau rétabli et rétribué sur les fonds du trésor public, suivant la décision ministérielle en date du 31 décembre 1858. Toutefois, le titulaire ne fut nommé et installé qu’en 1865. Plus tard, le curé de la paroisse, M. l’abbé Ruin, acheta de ses propres deniers une maison vicariale, avec dépendances, qu’il légua à la cure, en vertu d’une disposition testamentaire conçue en ces termes :
« Je donne et lègue à la cure de Quevauvillers, je veux dire au curé et à ses successeurs, la maison vicariale que je possède ; rue Griffoin, à Quevauvillers, donnant d’un bout sur ladite rue Griffoin, d’autre bout sur la rue de Courcelles, d’un côté sur Lecointe-Joly, d’autre sur Vasseur et autres voisins, avec toutes ses dépendances, et quand le vicariat sera vacant le curé de la paroisse pourra se servir de la maison comme bon lui semblera, ou la louer à son profit. »
Pendant que M. le comte de Gomer, victime de son dévouement au pays, prenait le chemin de la prison, M. Nicquet, curé, prenait celui de l’exil, ne voulant en aucune manière prêter serment à la constitution civile du clergé.
Alors la paroisse, abandonnée à la fureur révolutionnaire, devînt le théâtre de violences et de désordres […]. L’église fut transformée en salpêtrière, le mobilier et les ornements vendus à vil prix, […].
Tous ces excès scandaleux trouvèrent leur fin, lorsque le général Bonaparte, par la force des armes eut comprimé la révolution. […] Les nobles revinrent de l’exil, et les prêtres que la mort avait épargnés, se placèrent de nouveau à la tête de leur paroisse. Mais enivré de ses succès, Bonaparte, devenu Empereur des Français, ne sut point comprimer à temps les élans de son ardeur guerrière. […]. Une coalition formidable soutenue par la trahison se forma contre lui, […]. Ecrasé par le nombre plutôt que vaincu, Bonaparte fut forcé d’abdiquer […] les ennemis de Napoléon entrèrent à Paris et de là se répandirent dans toutes les provinces où ils inspirèrent aux populations une terreur si grande qu’un intervalle de 60 ans n’a pu l’oublier.
Le département de la Somme, comme les autres, dût subir l’invasion et voir les Cosaques s’installer jusque dans la ville d’Amiens. Toutes les administrations furent alors désorganisées, le siège de la Préfecture avec tout son personnel fut transféré au château de Quevauvillers. C’est de là que, pendant le temps de l’invasion, partirent les ordres pour l’administration du département.