vols au château de Quevauvillers…

Voici un fait divers tel qu’il est relaté dans les colonnes du Progrès de la Somme et du Journal d’Amiens du 19 mai 1892.
« Depuis un certain temps, des vols très fréquents se commettaient dans le château de Quevauvillers. Le garde exerça une étroite surveillance et, dans la nuit du 9 au 10 courant, il surprit un individu de la localité au moment où il tentait de voler. L’individu ayant pris la fuite, le garde se mit à sa poursuite et lui tira un coup de fusil. Le voleur tomba, il avait reçu la charge dans les jambes.
On le transporta aussitôt à son domicile. Ses blessures ne sont pas graves. »
Voilà des renseignements complémentaires sur l’affaire du château de Quevauvillers.
« Dans la nuit du 9 aux 10 courants, le garde particulier Dallencourt âgé de 55 ans, au service du comte de Gomer, habitant un logement dépendant du château, a été réveillé vers minuit par les aboiements prolongés des chiens de garde.
Au bout d’une heure, comme ces aboiements ne cessaient pas, Dallencourt se leva et après s’être mini d’un fusil de chasse chargé de gros plomb, sortit dans la cour du château.
Près de la porte donnant entrée au couloir conduisant à la cave, il aperçut un individu porteur d’un seau et l’interpella : « Qui êtes vous ? ». L’individu ne fit aucune réponse et chercha à gagner le bois en contournant un parterre. Le garde cria de nouveau « Faites-vous connaître, ou je tire ? ». N’obtenant aucune réponse, et l’individu poursuivant son chemin vers le bois, il tira un coup de fusil en l’air pour l’effrayer, mais il ne l’arrêta pas et au moment où il allait pénétrer dans un fourré, le garde abaissa son arme qu’il déchargea de nouveau. Le voleur avait été atteint, et au moment où le garde arriva sur le bord du bois, il était étendu la face contre terre, près d’un arbre.
« Laissez-moi mourir ! » s’écria-t-il en apercevant le garde. Mais dites-moi qui êtes vous répondit celui-ci. Et en même temps il le reconnaissait pour être le nommé Percheval Séverin, âgé de 29 ans, journalier, demeurant à Fresnoy au val.
Percheval était muni d’un seau en fer et il a déclaré être venu au château avec l’intention de voler du cidre. Le garde alla prévenir son patron et le maire de Quevauvillers, qui arrivèrent bientôt sur les lieux.
Monsieur Berneuil, médecin mandaté en toute hâte, prodigua les premiers soins au blessé qui avait les jambes meurtries par les grains de plomb.
Percheval fut transporté chez son beau-père à Quevauvillers. Celui-ci remit au garde 2 kilos de viande et un sac de pommes de terre qui avaient étés volées par lui au château.
Percheval connaissait parfaitement les dépendances du château où il avait été occupé pendant plusieurs années comme journalier. Pour pénétrer dans le parc, il avait passé par une brèche ouverte dans le mur près de l’habitation de son beau-père.
Les portes de la cave ne sont fermées qu’au loquet, Percheval a donc pu accomplir son vol sans effraction ni escalade.
Dans le pays, il passe pour être un braconnier.
L’état du blessé quoique grave, ne paraît pas inquiétant. »
Quelques précisions supplémentaires.
« L’auteur des vols commis au château de Quevauvillers – dont nous avons parlé – habite Fresnoy au val. Il se nomme Séverin Percheval, âgé de 29 ans, journalier. Il a déjà subi deux condamnations dont une pour coups et blessures et la seconde pour braconnage. »